illustration de adblock plus

Adblock Plus : Dossier complet

Pour un internaute, il n’y a rien de plus agaçant que de voir des publicités indésirables faire irruption sur son écran. Adblock Plus propose d’optimiser l’expérience de l’utilisateur en contrôlant cette effusion d’annonces et pop-up en tout genre. Bien que saupoudrées de bonnes intentions, ses différentes fonctionnalités sont loin de faire l’unanimité dans l’univers du Web. Découvrez le débat autour de cet outil de la controverse.

Le logiciel Adblock Plus reste au cœur des vives discussions

Adblock Plus est un programme développé par Eyeo. Cet éditeur revendique de totaliser plus de 300 millions de téléchargements à travers le monde. La société reste discrète pour éviter toute polémique. En effet, lorsqu’elle bloque les annonces sur les sites Internet, cette entreprise les prive de leur gagne-pain. Les éditeurs survivent grâce à ces publicités qui se trouvent à la base même de leur modèle d’affaires. Puis, certains observateurs lui reprochent de ne pas tenir ses engagements sur différents points.

Pour faire face à ses détracteurs, l’équipe derrière Adblock Plus a récemment apporté des éclairages. La société est revenue sur le fonctionnement du logiciel pendant une table ronde. Ce fut l’occasion pour Kai Recke de préciser que le programme bloque uniquement les affichages publicitaires intrusifs. Le responsable juridique de l’entreprise a aussi rappelé que les objectifs de AdBlock Plus restent inchangés. Il indique que ses concepteurs n’ont pas l’intention d’ôter aux éditeurs de pages Web leur principal moyen de subsistance. Selon ce juriste, AdBlock Plus laisse au consommateur le choix d’accepter ou refuser les publicités.

Les responsables d’Adblock martèlent que le programme veille avant tout à une amélioration de l’expérience de navigation. Se trouvant du côté des utilisateurs d’Internet, le logiciel défend leur liberté de choisir. L’internaute a ainsi le pouvoir de bloquer ou non les annonces. Ce qui constitue un vrai sujet de discorde envers les éditeurs de pages Web. Ces derniers voient cette manœuvre comme un dictat. Selon ses détracteurs, Eyeo profite du vide juridique sur le blocage de publicités pour continuer de leur priver d’un revenu substantiel. Pour cause, les 300 millions de téléchargements du programme pèsent lourd sur l’économie numérique. Beaucoup de ses détracteurs pensent qu’Adblock Plus empiète sur la créativité en écartant certaines annonces. D’autres lui reprochent d’encourager la consultation des sites de download illicites.

Un bloqueur de publicité, mais pas seulement

Les responsables d’AdBlock Plus ont précisé que le logiciel fait beaucoup plus que barrer la route aux pop-ups qui s’ouvrent intempestivement. Selon son éditeur, le programme offre une protection de la vie privée. En effet, certaines annonces comportent des outils pour traquer les personnes qui les ont consultées. Ce qui permet aux publicitaires de réaliser un ciblage plus fin. Face à ces microprogrammes de suivi, Ablock Plus intègre un anti-tracking. Il vise notamment des publicités de sites pour adulte. Toutefois, cette fonctionnalité en option n’est pas automatiquement activée lors de l’installation du logiciel. Dans le doute, les professionnels recommandent des outils tels que Ghostery pour une meilleure protection de la vie privée.

Les différentes fonctionnalités d’AdBlock Plus sont discutées par les professionnels d’Internet. Les acteurs dans le domaine du Web se posent des questions sur leur légitimité. D’autres accusent l’éditeur de profiter des lacunes sur la loi régissant la vie privée. Les protagonistes évoquent de meilleures solutions contre les publicités intrusives qui ne sanctionnent pas les annonceurs. En attendant une issue à la situation, le processus législatif fait son cheminement. Pour l’Europe, l’adoption de la Directive 2009/136/CE constitue un début. Cette base légale a été transposée sur les lois françaises à partir de 2011. Aux États-Unis, les fenêtres publicitaires avec suivi sont soumises au texte intitulé « Do not track me online act ». Ce cadre juridique établit également les limites en matière de collecte de données auprès des internautes.

Un controversé système de listes pour trier les publicités

A lire également  Spotify : Un service de Streaming Musical à découvrir

Jugé d’arbitraire, AdBlock Plus repose sur un tri sélectif. Les publicités considérées d’intrusives sont ajoutées à une liste noire. Elles seront bloquées partout où l’annonceur compte l’afficher. Les offres plus tolérables sont sur une liste blanche. Leurs auteurs disposent alors de l’autorisation de les diffuser. Adblock Plus leur accorde ce droit contre le paiement d’une certaine somme. Tout ce système est régi par une charte rédigée par les soins de l’équipe Eyeo. Outre des pratiques discriminatoires, Adblock Plus peut rapidement se verser dans une approche mercantiliste. Certains analystes parlent d’aberration en décortiquant son modèle d’affaires. Pour eux, l’éditeur du logiciel cherche à générer des profits en taxant les annonceurs. De nombreux exemples mettent en évidence une faille dans le système.

  • Sur Ask.com, les publicités autorisées par l’équipe d’Eyeo couvrent carrément le tiers de chaque page. Ce qui n’est pas forcément une bonne répartition s’il faut une expérience optimale pour l’internaute.
  • Les contenus avec valeur ajoutée sur la plateforme occupent uniquement 13 % de surface totale. Les visiteurs ont beaucoup de mal à distinguer les offres commerciales (sponsorisées) et les véritables résultats de recherche.
  • Inversement, le portail Web du New York Times compte moins de 8 % de publicités. Pourtant, ces annonces restent blacklistées par AdBlock Plus.
  • Par ailleurs, le média américain qui refuse de payer l’éditeur d’Adblock Plus sépare clairement les publicités des articles journalistiques.

Le modèle d’affaires d’Adblock Plus repose sur des groupes d’utilisateurs. Ces derniers peuvent ajouter des annonces qu’ils jugent tolérables. Bien que non représentatif, cet échantillonnage collaboratif déterminerait le sort de chaque site et ses publicités. Le programme de blocage exclut des critères techniques tels qu’un ciblage adapté, un contexte propice ou bien la durée d’affichage des offres commerciales.

Diverses manœuvres contre Adblock Plus

Le marché du blocage de publicité est actuellement contrôlé par Adblock Plus, mais la situation est en train d’évoluer. En effet, d’autres challengers sont apparus. Secret Media constitue une véritable menace pour Eyeo. Ce programme affiche les annonces pour des éditeurs sélectionnés. Les utilisateurs qui donnent leur consentement pourront les voir. Ce système évite à de nombreux sites de basculer en un mode sans publicité, mais payant. De son côté, Adblock Plus contraint encore les annonceurs de concevoir des publicités difficiles à reconnaître comme telles. Ce qui peut être considéré comme une attaque en règle contre la liberté d’expression.

Les éditeurs prennent conscience qu’il est important de respecter le choix des internautes. Ces consommateurs ont ainsi droit à une véritable explication sur le bien-fondé des pages de publicité. Leurs auteurs font preuve de bonne manière en détaillant les raisons de ces offres. Ils exposent aux visiteurs que ces annonces leur permettent de continuer à publier des contenus. Pour ce qui est de la gestion des données privées, les clients bénéficient aussi d’une transparence totale. Les éditeurs expliquent clairement sans argumentaire qu’ils prélèvent certaines informations. Seulement, AdBlock Plus peut bloquer toutes ces campagnes d’éclaircissement. Maintenant que vous savez tout, qu’en pensez-vous ? Faut-il l’installer sur votre PC ou pas ?

Yohann G.