anonymous

Qui sont les Anonymous ?

Ayant vu le jour au début des années 2000, les Anonymous ont été au cœur d’une multitude d’affaires qui ont secoué l’opinion publique. Ce groupe obscur est connu pour ses vastes campagnes de piratage ayant pour but de dévoiler des documents confidentiels ou de pointer du doigt les injustices et les dérives financières. Véritables « hacktivistes », ses membres se mobilisent pour défendre de nombreuses causes, le tout sous couvert d’anonymat. Alors que le groupe était resté inactif depuis quelques mois, l’affaire George Floyd et le mouvement « Black Lives Matter » les ont remis sous les feux des projecteurs. Ces hackers ont repris du service pour interpeller les forces de l’ordre concernant les violences policières contre les Afro-Américains. Pour ce faire, ils ont notamment piraté le réseau de communication de la Police new-yorkaise pour diffuser en boucle « F*ck The Police », le légendaire titre des NWA. Sachez cependant que Anonymous a mené de nombreuses opérations du même genre au cours de ces vingt années d’existence dont voici quelques-unes.

Un mauvais souvenir pour l’Église de la Scientologie

L’Église de la Scientologie fut la première cible de ce groupe de hacker. L’histoire remonte en 2008 et avait commencé par une vidéo de Tom Cruise vantant les mérites de cette religion. La séquence fut massivement relayée sur la Toile avant que l’Église décide de les retirer parce qu’elle en possédait les droits de diffusion. Considérée comme une forme de censure, cet acte fit couler d’encre sur 4chan avant qu’un groupe qui s’était nommé anonymous adresse un message vidéo publiée sur YouTube à cette organisation religieuse. Le groupe y annonça notamment qu’il allait prochainement lancer une série d’attaques tout en appelant les sympathisants à les joindre.

Une semaine plus tard, le site de l’Église de la scientologie fut victime d’une attaque par déni de service. De plus, une vaste campagne fut menée pour que toutes les recherches lancées sur cette organisation conduisent les internautes vers des pages tenant des propos diffamatoires. L’Église réussit à remédier à ces attaques au bout de quelques semaines, mais Anonymous n’en resta pas là. Le groupe avait par la suite décidé d’organiser le 10 février devant le siège de l’Église. Contre toute attente, l’évènement avait rassemblé des milliers de personnes qui arboraient fièrement les masques de Guy Fawkes.

Une contribution de taille pendant le printemps arabe

Anonymous a également contribué au printemps arabe. Dès les premières manifestations en Tunisie, des membres du groupe ont pris contact avec quelques dissidents tout en relayant les informations aux médias occidentaux. C’est suite à ce coup de projecteur que le mouvement a éveillé l’intérêt des journalistes, mais également celui des hommes politiques. Tout au long de cette « révolution », les gouvernements en place avaient lancé une sanglante répression. Dans le but de protéger les militants, les membres d’Anonymous ont diffusé des tutoriels apprenant aux activistes comment garder leur anonymat. Ces défenseurs de la liberté d’expression enseignaient également des techniques permettant de déjouer les tentatives de blocage du réseau internet.

Ce « petit » coup de pouce aura permis aux manifestants de communiquer efficacement malgré toutes les mesures prises par les régimes en place.  Dans une certaine mesure, ce groupe de hackers avait donc réussi à changer la face du monde. Grâce à leur contribution, des peuples présentement opprimés ont pu rebâtir leur patrie en s’inspirant d’un modèle démocratique. Pendant toute la durée de cette révolution, Anonymous harcelait également les ambassades des pays concernés. Pour cela, les membres décidaient tout simplement de commander des pizzas par millier.

L’opération BlackOut

Les membres d’Anonymous suivent de près l’actualité. Lorsque le Congrès des États-Unis tente de faire voter deux lois successives destinées à renforcer les droits d’auteur, le groupuscule s’insurge. Ces deux textes législatifs auraient en effet permis à de grandes corporations de restreindre l’accès à des contenus qui pourraient nuire à leur image. Concrètement, les lois SOPA et PIPA donnent la possibilité aux entreprises de saisir la justice pour que des entreprises domiciliées aux USA ne collaborent plus avec des sites attaqués pour violation de droit d’auteur. En d’autres termes, les créations d’un vidéaste qui aura repris une œuvre cinématographique ne pourront plus être diffusées sur YouTube si la maison de production s’oppose à lui.

A lire également  Comparatif entre Vivastreet et Craiglist : le duel des sites de petites annonces

Dans ces conditions, les membres d’Anonymous se sont mobilisés sur la Toile pour lancer l’opération BlackOut. Il s’agissait tout simplement de bloquer les sites les plus visités par les internautes pendant la journée du 18 janvier 2012. Contre toute attente, certains géants d’internet comme Google ou Wikipedia ont tout simplement suivi le mouvement. En réponse à cela, le FBI s’est attaqué à Megaupload et a réussi à fermer définitivement le site de téléchargement illégal. Suite à cet événement, le gouvernement américain a mis en place une cellule spéciale pour traquer les membres les plus influents de ce groupe.

Des hackers engagés contre le viol

Tout avait commencé par une affaire qui avait de grandes chances d’être étouffé. Une jeune Lycienne de Steubenville dans l’Ohio fut droguée puis rendue inconsciente avant d’être trainée de soirées en soirées pour subir des agressions sexuelles. Les deux jeunes hommes inculpés affirmaient avoir reçu le consentement de la victime. Ce faisant, ils n’étaient nullement inquiétés puisque promis à un brillant avenir, ces adolescents profitaient du soutien de bon nombre de personnes. Craignant que ces adolescents fussent relaxés, des membres d’Anonymous réagirent pour que l’affaire fasse parler d’elle. Suite à leurs actions, ces jeunes gens furent finalement déclarés coupables et condamnés pour viol.

Au fil des années, le groupe ne rata aucune occasion de lutter contre les agressions sexuelles et n’hésitait pas à s’attaquer à des personnalités connues. Un cas similaire survenu en 2012 à Maryville avait poussé Anonymous à adopter la même stratégie. L’affaire fut finalement classée sans suite et la plaignante subit par la suite des harcèlements. Les membres du groupe sont alors venus en aide à la famille de la victime. Ces hacktivistes reprirent du service pour que l’enquête soit rouverte. Leurs efforts furent finalement récompensés et le violeur fut reconnu coupable.

Un groupe anti-djihadiste

Suite à l’attaque perpétrée par des terroristes dans les locaux de Charlie Hebdo, Anonymous a aussi lancé des représailles contre les djihadistes. Les membres du groupe ont notamment décidé de pirater des sites réunissant des islamistes extrémistes. Ils sont parvenus à fermer le site Ansar Al Haqq réputé pour regrouper de nombreux djihadistes français. Plus tard, le groupe dévoila également le compte twitter de près de 9000 sympathisants de Daech. Si ces révélations ont permis d’interpeller de nombreux individus dangereux, les forces de l’ordre ont conclu par la suite que quelques personnes citées n’ont aucun lien avec cette organisation terroriste.

Que penser d’Anonymous finalement ?

Alors qu’on ignore l’identité des membres d’Anonymous, une chose est sûre : ces personnes n’hésitent pas à employer les grands moyens pour lutter contre les injustices. Toujours est-il que les moyens employés restent discutables. Ces « défenseurs des opprimés » n’hésitent pas à violer la loi pour défendre une cause ou une idée. Par ailleurs, on ne saura jamais l’ampleur des attaques perpétrées par ces personnes ni même le devenir des données personnelles subtilisées. Leurs bonnes actions peuvent tout à fait cacher des actions menées dans le but de s’enrichir. Les fichiers dérobés peuvent servir pour faire chanter de grandes firmes ou revendus sur le dark web. D’ailleurs, rien ne nous permet d’affirmer qu’en plus d’une quinzaine d’années d’existence, Anonymous soit toujours composé des mêmes personnes animées de bonnes intentions.

Yohann G.